Elle est ivoirienne et elle a le slam dans les veines. Aminata Bamba, plus connue sous le pseudonyme Amee, est une talentueuse artiste-slameuse dont la Côte d’Ivoire peut-être fière. Dans une récente interview accordée à Iris Médias, elle a tenu à se prononcer sur le slam qui est aujourd’hui sa plus grande passion.
Iris Médias : Comment aviez-vous débuté avec le slam ?
J’ai commencé le slam en 2010 lors de la restitution d’un atelier d’écriture avec des artistes évoluant dans le genre hip hop organisé par le Goethe institut et dirigé par l’artiste reggae Kajeem. Étant en période d’examen pour le DESS fiscalité, je n’ai pas eu le temps de chanter mes écrits alors je les ai slamé. Mais bien avant cet atelier j’avais commencé l’écriture de texte et de chansons depuis l’âge de 14 ans et après avoir développé d’autres dons artistiques, dessin, chant, danse, peinture.
Iris Médias : Comment définissez-vous le slam et quel est son apport dans la société ?
J’ai plusieurs définitions du slam. Pour citer quelques-unes, je dirai pour commencer c’est écrire et dire en donnant des émotions. C’est déclamer des textes qui empruntent beaucoup de règles à la poésie, ou des poèmes. Et pour conclure j’aime bien cette définition d’un ami Slameur du Bénin du nom de Sêminvo, Scène Libre Aux Mots (S.L.A.M).C’est aussi pratiquer cette discipline tout en apportant et portant des valeurs humaines : L’écoute, le partage, l’humanité, l’humilité, le travail, la vie en groupe en association et bien d’autres.Alors naturellement le slam constitue une valeur culturelle considérable d’un point de vue proposition artistique tout en développant les capacités d’écriture et orales mais aussi en apprenant ou réapprenant les valeurs importantes. On le constate bien lors des ateliers de slam que nous donnons aux adultes et adolescents, le changement qu’il peut apporter dans le comportement à travers sa méthodologie d’apprentissage. Écrire peu amener une personne à soigner ses propres maux. Et je le dis d’expérience j’ai appris et réappris énormément grâce au slam. Beaucoup de Slameurs moi y compris ont un regard différent sur le monde à force de l’observer pour l’écrire. Je le comprends chaque jour plus. Je perçois mieux le pouvoir des mots je les réapprends en allant chercher leur sens chaque jour pour être sûre de l’emploi car les mots sont comme des couteaux. On peut concocter de belles choses avec comme on peut blesser.
Iris Médias : D’où est-ce que vous puisez vos inspirations et quels sont les thèmes abordés dans votre slam ?
Dans mes textes je parle de la vie en général et tout ce qu’elle comporte depuis la venue au monde jusqu’à ce qu’on la quitte. Les textes que j’ai pour habitude de performer dans les cérémonies, ou que j’ai présenté à travers des singles et clips parlent de l’art, de l’amour, de la condition féminine puisque je suis concernée, de l’environnement, de la motivation, de la conscience de son pouvoir de changer son comportement, de l’immigration clandestine etc… pour moi la vie est un vaste recueil de poèmes d’où je tire des extraits pour en faire des textes de slam.Dans des performances pour des évènements et cérémonies officielles nous sommes amenés sur demande des clients à écrire sur des thèmes parfois très techniques voir scientifiques comme par exemple l’intelligence artificielle ou encore les objectifs de développement que j’ai eu à présenter pour l’ONU Côte d’Ivoire lors de l’ouverture officielle ses activités pour l’année, et qui m’a valu d’être spécialement reçue par le représentant de l’ONU en Côte d’Ivoire afin de féliciter mon travail et en savoir davantage. A force de ce plier à cet exercice, qui n’est pas notre favori j’avoue, beaucoup d’entre nous ont appris à s’adapter bien que l’écriture selon sa propre inspiration est toujours meilleure.
Iris Médias : Arrivez-vous à gagner votre vie avec cet art ?
J’ai été employée en entreprise pendant 9 ans et j’ai commencé le slam tout en travaillant. Aujourd’hui grâce à Dieu je vis du slam depuis peu d’années en plus de m’autoproduire. C’est un pari que je n’ai pas forcément choisi même si c’était un de mes rêves de faire de la scène. En visualisant et présentant mon métier comme une entreprise j’ai pu y arriver depuis 3 ans maintenant et ce que grâce à Dieu et au grand intérêt des institutions, internationales, nationales aux entreprises et particuliers pour leurs événements officiels qui associent presque systématiquement un Slameur ou une Slameuse. J’ai aussi beaucoup de sollicitations dans des festivals internationaux en Afrique Europe, Amérique ainsi que des marchés d’arts internationaux et pour l’instant je continue de tenir mon pari en essayant de le faire grandir chaque jour plus avec des propositions nouvelles, en associant ma pluridisciplinarité (chant, danse, rap) au rythme de mes possibilités et capacités.
Iris Médias : Aviez-vous compté vos textes écrits, combien sont-ils déjà ?
Je ne compte plus, j’ai plus d’une quarantaine ça au moins je peu le dire avec assurance (rires).
Iris Médias : Qu’attendez-vous des autorités ivoiriennes concernant le slam ?
On a tellement eu l’habitude de se démerder avec tellement peu que ‘’attendre des’’ ne fait presque plus partie de nos habitudes (sans amoindrir les efforts de nos rares soutiens individuels bien sûr). Depuis les premières scènes slam en Côte d’Ivoire organisées par le Collectif Au Nom du Slam dont je suis la vice présidente il y a eu beaucoup de promesses qui si elles avaient été tenues auraient eu un effet ‘’angrais’’. Mais puisqu’il est plus qu’évident que nous avons quand même besoin que nos projets qui existent depuis 8 ans maintenant , Babi Slam (festival international de slam d’Abidjan) , championnat national et des écoles, soient renforcés par un peu de soutien qu’on garde l’espoir de réactions et actions effectives de leur part concernant ces projets. Je pense que ça a commencé et on espère une continuité et plus car le slam c’est un mouvement qui est non seulement une grosse richesse culturelle mais aussi humaine et pédagogique.
Iris Médias : Quels sont vos futurs projets ?
Sortir des projets audios, vidéos, écrits, festivals internationaux pour le mois de Juin et Octobre. Ils sont très nombreux. Mais ils seront présentés au fur et à mesure quand ils seront prêts car on peut annoncer et il peut en être autrement selon les vents. Alors par la grâce de Dieu ils viendront à la vie. Suivez nous sur nos réseaux Amee Slam.
Iris Médias : Quel est le conseil que vous donnerez pour encourager les jeunes qui désirent de lancer dans le slam ?
Si vous avez un don pour l’écriture, des choses à dire, soif de toujours apprendre, si vous êtes curieux et bon observateur avec le minimum à l’oral vous avez les bons ingrédients lancez vous il n’y a jamais de moment propice. Trompez vous , doutez, mais continuez. Le slam ça a l’air simple mais c’est beaucoup de travail et c’est très studieux. Pour parler avec des images, faire du slam c’est comme être un sportif de haut niveau, beaucoup d’entraînement, de rigueur pour bien jouer, mais ça n’empêchera pas de transpirer.
Iris Médias : Quel est votre mot de
fin ?
Merci à Iris Média et tous ces lecteurs pour l’intérêt pour le slam, pour ma personne et ma proposition artistique. On est en slam ! Votre Prêtresse des mots.
Propos recueillis par Akoi Mel